FUME, C’EST DU CHINOIS !

(Du 22 Mars au 30 Mars 2015)

– Eh merde ! Y’a un indien qui s’est endormi sur moi dans le bus, j’ai déjà du mal à écrire cet article !

– Et remerde ! Y’a son tilak  (vous savez, leur point rouge) qui est en train de me couler dessus… Putain mon nouveau tee-shirt, acheté en Chine, va être niqué. Et fait chier, je deviens vulgaire, je vais plutôt écrire.

Il était une fois la Chine : Nous passons un temps fou, à traverser cet immense pays et, malgré le confort et la sécurité, qui laissent parfois à désirer, c’est toujours réconfortant d’arriver à destination. Celle du jour, c’est la ville de Kunming où, un loft dans une auberge de jeunesse, loué par Prince Greg, nous attend. Après avoir pris successivement : Bus (3h) – Train (10h) – Avion (2h) – Métro (45mn) – Taxi (20mn) – et bien-sur, nos pieds en grande quantité, nous nous offrons, notre cocktail de bienvenue. A peine notre verre finit, nous replongeons dans notre dynamique de voyage ; Il nous faut réserver un bus pour rejoindre les terrasses du Yuanyang. Et, alors que nous nous décidons enfin à aller pratiquer le mandarin à la gare pour récupérer nos billets, nous nous apercevons que notre hôtel gère les réservation de bus et de train. Changement de programme : Cet après-midi ce sera ;  jefourienunverrealamain.

Nous ne déballerons pas trop nos affaires dans le superloft car le lendemain, nous repartons déjà vers le sud et la ville de Xinjie. Porte d’entrée des rizières en terrasses du Yuanyang, c’est aussi l’endroit où nous avions rencardé un chauffeur afin de nous rendre à l’hôtel. Mais au bout de huit heures de trajet, lorsque nous descendons du bus, nous nous apercevons que nous nous trouvons finalement à Duoyishu où se trouve notre hôtel. Un chauffeur est donc en train de nous d’attendre depuis une heure pour rien… C’est, forcement gênés, que nous nous approchons de la réception pour nous annoncer. Et ce sera un sourire qui nous accueillera, que c’est agréable ! Tout comme le sera l’accueil dans ce village où se côtoient buffles, cochons de Chine, et sourires d’enfants. Quant au programme pour ces 2 jours, il se résume à la contemplation du lever du soleil et du coucher sur les rizières, entrecoupée bien-sur de bonnes ballades.

Le premier matin, c’est la désillusion totale ! Impossible de voir quoi que ce soit. Le brouillard est bien trop épais, toute visibilité semble impossible. J’ai l’impression de me trouver dans mon cerveau brumeux, un lendemain de fête. Et puisque les rizière ne se montrent pas, nous engagerons la discussion avec les seules personnes présentes : Marie et Loic, globes-trotteurs par intermittence. Greg est bavard en cette matinée, et dans la discussion il leur demande ce qu’ils étudient. La question sembla vexante pour ces trentenaires, dans la vie active depuis quelques années puisqu’ils lui demanderont , depuis combien de temps celui-ci est à la retraite.

Malgré cet accro, qui faillit en venir aux mains (vous savez bien que mon père fait partie de ces gens qui résolvent tout par la violence), le reste de la journée se passera bien puisque nous déciderons de faire une ballade ensemble dans les rizières accompagnés de deux autres baroudeurs de longues dates, Cécile et Claude, rencontrés la veille et tout aussi sympathiques. Oh ! il y aura bien quelques grosse engueulades (pour la direction à prendre) mais rien n’entachera notre bonne humeur journalière. Ni le brouillard, qui ne nous laissera pas apercevoir grand chose, ni les petites vannes que nous nous ferons (pousser son voisin dans une rizière, tirer la queue d’un buffle et se barrer en courant, etc…), ni même le coucher de soleil, aussi décevant que le lever.

La fin de cette ballade sera, non pas fêtée autour d’un sanglier comme dans nos si chères traditions mais autour d’un canard dont rêvait Marie et Loïc depuis quelques jours et que nous essayerons, à l’image de nos ancêtres gaulois, de chasser nous mêmes. Nous essayerons au cours de cette journée, plusieurs stratégies mais nous privilégieront la dernière :

1. Division : On se sépare afin d’entourer la rizière et l’animal dans le but de lui sauter dessus chacun notre tour.

  • Avantages : Plusieurs chances de l’attraper, fierté collective, cohérence de groupe.
  • Inconvénients : Un grand manque de finesse dans cette stratégie, être trempés et sentir le basmati.
  • Bilan : Le canard s’est envolé, nous ferons riz blanc.

2. Infiltration : On ne fait qu’un avec la nature, on se met des pousses de riz sur la tête, et on utilise une sarbacane tuba en bambou afin d’atteindre l’animal.

  • Avantages : L’immersion est simple car nous somme déjà mouillés, les sangsues, sur notre peau, seront parfaites pour l’apéro.
  • Inconvénients : Vouloir tuer un canard avec une sarbacane en bambou remplit d’eau, c’est aussi efficace que de braquer une banque avec un pistolet à eau.
  • Bilan : Ma mère s’est presque noyée quand un martin pêcheur s’est posé sur son tuba bambou.

3. Délégation : On se consulte, nous avons faim et nous avons perdu quelques plumes dans les stratégies journalières. On demande à notre hôte de nous préparer un canard.

  • Avantages : Nous sommes propres et on peut boire de la bière en attendant le canard.
  • Inconvénients : La fierté du chasseur a disparu, le prix du repas va considérablement augmenter
  • Bilan : Ni magret, ni cuisse, on ne mangera que les parties dont raffolent les chinois : os, bec ou encore les pattes. Heureusement nous avions au moins réussi à attraper les canetons, moins vifs que leur mère. Avec deux boules vanille, c’est succulent.

Nous avons une dernière chance afin de voir un lever de soleil digne de ce nom. Ce matin-là, pas de brouillard certes, mais pas de couleurs fantastiques, non plus. Alors on ne traîne pas, car cette fois nous ne ferons pas faux-bond au chauffeur. Ce dernier nous emmènera à la station de bus où nous attend toute la panoplie de transports que l’on aime tant (taxi-bus-train de nuit-bus) et qui nous amèneront à 600 km au nord.

Passage obligatoire pour rejoindre notre trek. La vieille ville de Lijang est bien charmante (bien que très touristique), tant par son architecture que par ses ruelles et ses ruisseaux. C’est un peu une Venise chinoise où se croise, amoureux, jeunes modèles en plein shooting, et bien sur masse de touristes. Le tout, sur un fond de Djembe incessant. Et quand la nuit tombe, cela devient alors impossible de se frayer un passage tant la foule est compacte. Mais cela ne nous effraye guère, car ça fait deux semaines que nous pratiquons le foule-crossing en Chine. Et pour ma part, quand il s’agit de manger, rien n’est insurmontable. D’ailleurs nous reviendrons deux soirs, pour profiter des stands de nourritures variées et délicieuses où tout se négocie, de la portion de riz au simple nem.

C’est peut être en prévision des deux jours de treks à venir que nous mangerons tant à Lijang. Nous pensions en effet, qu’un grand besoin d’énergie serait nécessaire pour cette petite préparation Anapurnienne. Mais non, ce trek n’était, tout au plus qu’une ballade de santé dans le parc de l’orge. Bien sur, il y a le paysage en plus car cet itinéraire suit le haut d’une gorge et permet d’admirer cascades, relief fantastique, ou encore sommets enneigés. Mais tout de même, notre fameux guide nous le présentait comme difficile. Alors que je pense, que même Mamounette, après une bouteille de rosé est capable de boucler ce trek en une journée !

La belle surprise de ce trek restera la flore variée, à l’image des différentes variétés de cannabis qui poussent tout le long du sentier. Les locaux, qui vendent de l’eau et des barres céréales, on bien sur saisit l’opportunité, en ajoutant à leurs stands, des sachets d’herbes. Et c’est mon père, d’habitude si moralisateur lorsqu’on parle de drogue, qui nous surprendra, en nous soumettant l’idée de fumer quelques joints afin de rendre le trek un peu plus difficile. Mais forcément, l’effet est puissant quand vous ne fumez pas, surtout en Altitude. Nous ralentirons donc considérablement notre allure jusqu’à la Guest House à cause de ma mère. Car celle-ci, en plus de se prendre pour une limace,  s’arrêtera tous les deux mètres, pour porter un caillou et crier « Je suis un escargot ». Quant à mon père, il s’éclipsera après avoir fumé. Nous le retrouverons plus tard, nu sur un rocher, tentant de communiquer avec des chèvres. La drogue et lui ne font pas belle affaire car si nous l’avions déjà dans le passé retrouvé nu dans la rue, il n’y avait alors rien d’inquiétant. Se prendre pour Birdy, c’est une chose, parler aux animaux, en est une autre.

Le soir, nous retrouverons dans notre Guest house, tout le petit monde déjà croisé dans la journée. Et le réflexe est le même pour chaque arrivant : Commander une bière et rouler un joint. Mais avec la mauvaise expérience due aux psychotropes pendant cette journée, nous resterons à la bière. Quand à notre repas, nous le partagerons avec deux trekkeuses sympathiques et françaises, évidemment, sinon nous n’aurions pas pu bavarder.

Le deuxième jour sera fait d’une descente jusqu’aux gorges, d’une échelle de 30 mètres sans sécurité, d’une arnaque, d’une prise de tête, d’une remontée de la gorge en se faisant la gueule, d’un bus jusqu’à Lijang, d’une rencontre avec un nouveau français (Salut Price) puis d’un train de nuit, jusqu’à la capitale du Yunan

De retour sur Kunming, nous nous mettons en quête afin de bien finir notre séjour en Chine. Il y a donc trois choses à faire pour y parvenir :

1. Aller chercher de beaux produits à carrefour, afin de fêter dignement notre départ.
2. Goûter le plat de la région, à savoir les nouilles qui traversent le pont.
3. Démontrer à l’hôtel, la supériorité des français sur le ping-pong mondial.

Le premier de nos objectifs est rempli plus que facilement puisque nous nous sentons vraiment à l’aise dans ce grand carrefour (où ils vendent des tortues au rayon poissonnerie!!!). En moins de 10 minutes, nous sommes devant la caisse, carte de fidélité à la main et avec des produits, tout sauf chinois.

Le second objectif moins évident, notre chinois ne s’étant pas amélioré, nous fait parcourir toute la ville. Et alors que nous perdons espoir et que nous prenons le chemin du retour, on nous donne enfin une direction. Nous redemandons à un commerçant pour savoir si nous sommes toujours sur le bon chemin : Oui ! Et de boutiques en boutiques on nous donne toujours la même direction qui nous mène … à notre hôtel… Ce n’est pas une erreur, le restaurant voisin, sert des nouilles qui traversent le pont. Nous venons de gâcher deux heures.

Il ne reste plus qu’une chose à faire pour parfaire notre séjour. Vaincre un chinois au ping-pong. Mais le combat s’annonce mal ! J’ai, en effet, avec tous ces produits carrefour dans le sang, oublié avec quelle main je joue d’habitude. En plus de ça, j’ai un mal de ventre phénoménal dû aux fameuses nouilles qui, vu le goût, ont dû tomber par terre en traversant le fameux pont. Je me vois donc déjà perdant. Mais à la grande surprise de tout le monde, je bas le local, surement aidé par cette envie furieuse d’aller aux toilettes qui ne me fît pas traverser le pont à toute vitesse, mais bien l’hôtel.

Mes parents, eux, n’ont rien suivi de  l’histoire. Car pendant que la foule contemplait le match du siècle, mes parents étaient trop occupés à essayer de rouler des joints et à se mettre des fleurs dans les cheveux. Je crois que mes parents sont accros au cannabis depuis notre trek. Pourvu que ça s’arrange à Katmandou mais ça c’est une autre histoire que notre ami Fredo vous racontera prochainement.

Messages personnels :

Nous souhaitons un super joyeux anniversaire à notre petit amour, Louka, qui fête ses 3 ans (sans son patitou et sa manoune qui l’ont abandonné depuis 1 an !!) Gros bisous d’amour.

Bon anniversaire à Myriam et Murielle, gros bisous à vous 2. Sans oublier Marie, la voyageuse,  et Audrey. G que nous embrassons très fort.

Une énorme pensée pour tout le peuple Népalais qui nous a si bien accueilli et qui malgré leur dévotion et leur gentillesse n’ont pas été épargné par les dieux.

 

Jordan.

13 réflexions sur “FUME, C’EST DU CHINOIS !

  1. Vu certaines photos du reportage certains vont vous demandez de ramener un souvenir ….
    Toujours aussi sympat et en plus sa fait rêver, bisous à vous !

  2. Bonjour à vous trois, chers voisins.

    Enfin, connexion réussie ! (après plusieurs échecs de connexion en décembre et février, échecs que je n’ai pu élucider à ce jour : ou « mystère des techniques informatiques »).
    Toujours est-il que je suis arrivé aujourd’hui à pouvoir consulter votre blog et en profite pour vous remercier de l’envoi des 2 gentilles cartes, de Malaisie et du Mont Everest.
    Je suis heureux de savoir que vous séjourniez déjà en Inde au moment du tragique tremblement de terre au Népal, vous sachant en sécurité, éloignés de l’épicentre du sinistre.
    J e vois que vous avez fait beaucoup de chemin autour de notre jolie planète depuis votre départ de Longueville, traversé de nombreux pays différents, splendides et grandioses et rencontré des gens extraordinaires durant votre périple. Tout cela malgré certaines conditions météorologiques défavorables ou parfois des situations contrariantes de votre quotidien. Je vois que rien ne peut miner votre moral ; moral toujours présent au « beau fixe » surtout lors de la visite de vos proches (Sarah, Mickaël et Louka) et de certains de vos amis au cours de votre voyage.
    J’espère que Jordan ne souffre plus de ses fièvres et que c’est devenu maintenant de « l’histoire ancienne ».
    Quant à moi ici à Longueville, c’est la grande routine où il n’y a pas grand chose qui se passe. J’attends les beaux jours de mai pour partir au Maroc (séjour du 16 mai au 13 juin, réduit car l’entretien du jardin oblige).
    Un grand merci pour vos comptes-rendus pleins d’humour et vos magnifiques photos les accompagnant.
    Je vous souhaite une très bonne continuation pour la suite de votre périple en Inde et en Afrique du Sud, ainsi qu’un bon retour au pays au moment opportun.
    Je suis content d’avoir pu vous joindre cette fois-ci et vous embrasse bien fort tous les trois.

    Bien cordialement,
    Jean-Pierre Mariage

    • coucou Jean-Pierre, contents d’avoir de tes nouvelles, pour nous tout va bien, plus que 3 semaines et c’est le retour, mais nous profitons des derniers moments. Nous partons pour l’Afrique du sud lundi, où nous passerons nos derniers jours. Nous t’embrassons bien fort.

  3. Heureuse de vous voir tous en pleine forme. Tout le monde s’était inquiété après les événements du Népal.

    Les commentaires sont toujours très sympathiques à lire.
    Bon je dois avouer que le caractère ronchon de Reynald et son humour décalé commencent à bien me manquer. Mais de vous voir si heureux et si épanouis me fait aussi bien plaisir.

    Gros bisous à tous

    Ta binôme favorite 🙂

    • Salut ma petite Sandrine, effectivement tout le monde est en forme malgré quelques petits problèmes gastriques depuis notre arrivée en Inde. Après la visite de Varanasi, du Taj Mahal et du Rajhastan nous voilà à Goa depuis 4 jours. Apéros et farniente sont au programme avant notre départ pour Bombay demain et l’envol pour Johannesburg lundi où nous retrouverons notre ami Camille tu te rappelles le gros plombier avec lequel j’avais des mots doux au téléphone. Bon voilà, je te laisse et j’attends impatiemment ton dernier message avant notre retour.

      Gros bisous à toute ta petite famille et à tous les collègues;

      Reynald, Agnès et jordan

  4. Salut les Globe-trotteurs à temps plein !
    On prend seulement le temps de vous lire maintenant !
    C’est très sympa votre blog.
    Jordan, tu as oublié de raconter quand on a piqué le Tamarin des gamins ! 😉
    On a une photo sympa de la soirée Canard, si vous avez un mail…
    Amusez-vous bien !
    A+
    Loïc et Marie

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